Aujourd’hui j’aimerais vous parler de ce sentiment d’ambivalence que je ressens avec l’Enfant, et ce, dès la découverte de la grossesse.

Pendant la grossesse

En effet, cette sensation de pencher d’un côté puis de l’autre sans cesse. Avoir la joie du + sur la bandelette, puis douter de sa véracité. Avoir un nombre sur la prise de sang mais douter de « sa force » (merci la fausse couche d’avant, l’article sur cette dernière est ici). Être heureuse de ce qui se niche au creux de soi, mais avoir peur de le perdre encore. Cette confrontation de sentiments est parfois dure à gérer, avoir des sentiments si contradictoires et parfois complémentaires ! J’ai eu envie de le crier à la terre entière mais je me suis bridée à cause de la peur. Une dualité entre joie et peur, c’est ce qui a caractérisé ma grossesse, le premier trimestre au moins.

Pendant toute ma grossesse j’en ai accepté les petits tracas. Je me sentais épanouie, à l’aise avec mon corps. Je me suis rendue compte de la puissance du corps féminin et j’en étais fière. J’étais heureuse et je prenais toutes les infos avec une sérénité qui ne me caractérise pas en temps normal. Et pourtant les angoisses sont au bout du chemin et on s’inquiète pour ce petit bout de personne, pour pas grand chose ! Une perte vaginale non attendue, pas de coup depuis quelques temps, beaucoup trop de coups. Un soir j’ai googlisé (oui oui c’est français !) si un bébé pouvait s’étrangler avec son cordon dans le ventre de la mère ! Insensée la fille ? Non, juste enceinte !!

J’ai eu peur de le perdre, j’ai eu peur pour lui pendant l’accouchement, puis quand il a perdu du poids. Et pendant tout ce temps j’étais aussi sereine et apaisée… Un vrai foutoir ce cœur et ce cerveau !

Au jour le jour

Est-ce que j’envisageais ma maternité comme ça ? Pas du tout ! Je m’étais fais des films je crois ! Mais quand ton marmot d’amour ne pionce pas, ou uniquement sur toi, ou en portage, ou après une bataille acharnée en poussette. Bref, quand tu passes la moitié de la journée à essayer d’endormir ton merdeux que tu adores (ambivalence rebonjour), tu es épuisée moralement. Déjà que les nuits sont rudes, les journées sont parfois pires ! Mais après avoir essayé d’endormir le diable pendant 2h, il te sourit pour la première fois et là tu chiales de bonheur (véridique).

Les journées avec un enfant qui dort ne sont pas du tous les mêmes qu’avec l’Enfant que tu n’arrives pas à comprendre ! Alors tu décides de le laisser un peu à une nounou et là tu revis. Et un mélange de culpabilité et de liberté se mêlent ! Tu profites de cette liberté mais tu regardes l’Enfant qui sourit sur tes photos.

Tu veux du temps avec l’Homme mais vous parlez de votre Enfant d’amour et ô combien il est adorablement chiant !

Avoir besoin de liberté et de temps pour soi c’est ok, c’est même primordial ! Tu n’abandonnes pas ton enfant, c’est vital de prendre soin de soi ! Mais c’est quelque chose que je n’arrivais pas à faire. C’était inconcevable pour moi de le laisser à quelqu’un, ou de le laisser pleurer trente secondes car je devais pisser, je le voyais dans une telle détresse. C’est épuisant moralement. J’ai craqué un nombre de fois incalculable. J’ai crié sur l’Enfant alors que oui on le sait c’est pire, ça n’a pas de sens mais je m’en suis jamais voulu car je suis humaine et j’ai des émotions. Je préfère avoir relâché la pression en gueulant plutôt que d’arriver à un niveau où je secoue mon enfant ! Je me suis excusée au près de lui en lui disant que c’était dur pour moi mais que ce n’était pas sa faute.

Focus sur l’allaitement

Ça va faire 1 an que j’allaite et je crois que c’est le sujet sur lequel je suis le plus ambivalente. En étant enceinte, j’étais au taquet et j’avais prévenu l’Homme qu’il se devait de me faire continuer, même si c’était dur parce c’est ce que je voulais, et qu’il devrait être mon pilier, car la fatigue et les hormones peuvent jouer de sales tours. Finalement la succion de l’Enfant et mon hypersensibilité seront aussi de la partie pendant 3 semaines ! J’ai haï l’Homme, les femmes pour qui c’est si simple d’allaiter, et le personnel qui n’arrivait pas à m’aider (merci l’aversion à l’allaitement). Pendant ces trois semaines, je pense que j’ai voulu abandonner tous les jours. Je voulais tire-allaiter car ça ne faisait pas mal. Avec l’accouchement quels jours auparavant, toi même tu sais que tu ne veux plus avoir mal. Jamais. Never de ta vie ! Douce illusion n’est ce pas ?

Une fois la douleur passée c’est du kiff l’allaitement non ? Bah oui ! Bah non ! Des fois… Pas tous les jours…
Cette envie de donner le meilleur, ce sentiment de bien être, de nourrir son tout petit. Mais aussi ce ras le bol d’être le cul collé au canap’ en mangeant sur l’enfant. Si tu manges, car il s’est endormi et franchement tu n’as pas envie de le déloger de là. Parce que tu es dingue de lui, tu fais 15 000 photos de lui endormi, et tu t’oublies un peu aussi. Et puis parce que personne ne t’avait prévenu, mais tu ne pourras pas poser ton mioche quand il s’est endormi ! A ça on ne nous avait rien dit ! Mais ces gamins, ce sont des ninjas ! Ils ouvrent les yeux à peine tu as l’idée de le poser. Pour aller chier tout simplement, ou boire, ou manger. Bref en 5 minutes tu l’aimes à en crever, puis tu as envie de le défenestrer parce qu’il contrôle jusqu’à tes sphincters ! Alors bien sûr avec le temps tu trouves des stratégies, et puis l’Enfant grandit (ça peut être pire, qu’on se le dise hein).

La nuit, c’est génial pas besoin de marcher, bercer, chanter… Tu allaites et tu t’endors la plupart du temps… Bon, des fois tu ne te rendors pas ! (et oui erreur de débutante … on ne regarde pas son tel à 1h, 3h ou 5h du mat !). Et là, encore une fois, tu le regardes et tu trouves ta vie parfaite. Il est beau quand il dort mon Dieu ! Mais putain, que tu es fatiguée ! Et franchement, les conseils moisis de Tatie Machin qui te dit que c’est la faute de l’allaitement les nuits pourries, font leur bout de chemin…. Du coup la solution c’est d’arrêter ?! Demain on arrête alors !

Et demain est un autre jour… Le soir tu auras peut-être cette aversion à l’allaitement, et tu auras envie d’envoyer valser l’Homme et surtout la sangsue -aka l’Enfant-, ou au contraire il se sera endormi en 15 min et ne se réveillera que 5h plus tard ! Qui sait ?

L’objectif du minimum 6 mois d’allaitement est arrivé, que fait-on ? L’attachement que tu as à ton bébé te fait avoir envie de continuer. Le don de soit permanent te fait envie de dire : « donnez lui un bib que mes nichons se remettent de cette aventure ! « . L’Homme qui te demande jusqu’à quand tu veux allaiter… Quand tu voudras te lever la nuit ? Mouhahahahaha…

Je me retrouve donc avec 1 an d’ambivalence sur l’allaitement, un bambin qui voudrait se servir tout seul en toutes circonstances, et mes limites. Nous avons tous les deux je crois un besoin de fusion et de liberté et c’est normal. On va trouver chacun sa place et YOLO !

Tout ça pour dire que personne ne m’avait prévenu de ce mélange incessant de joie, de peur, d’inquiétude, de colère, de culpabilité et surtout d’amour un peu vache parfois !