Nous voulons vous donner dans cet article notre point de vue à propos de l’allaitement dit long, du côté de la pratique. Nos deux bouts de chou ont 1 an et 2 mois à l’heure qu’il est et nous les allaitons toujours. Qu’en est-il des avantages ? Des inconvénients ? Pourquoi ce choix ? Autant de questions auxquelles nous allons répondre dans cet article.

Qu’est-ce que l’allaitement long ?

Bon, je dis long car c’est considéré comme tel par rapport à la majorité des françaises mais en réalité, ça n’est pas long mais plutôt normal. Selon nous du moins. Et puis aussi selon l’OMS, qui recommande que :

– les nourrissons soient exclusivement allaités au sein pendant les 6 premiers mois de la vie
– l’allaitement [soit] poursuivi et complété par des aliments adaptés sur le plan nutritionnel et sûrs
– l’allaitement au sein doit se poursuivre au moins jusqu’à l’âge de 2 ans

Site officiel de l’OMS

Voilà, histoire de remettre les choses en place. Ça n’est pas un allaitement long, c’est juste ce qui est prévu par Dame Nature. D’ailleurs, dans la nature, selon les dernières recherches anthropologiques, l’allaitement durait en moyenne entre 2.5 et 7 ans. On est loin des 6 mois minimum. Néanmoins, pour plus de clarté, nous appellerons nous aussi l’allaitement qui dure plus de 6 mois un allaitement long, ou non écourté.

Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas particulièrement pro biberon de lait maternisé, mais honnêtement, on se fiche du choix des autres, tant qu’on nous laisse allaiter en paix, sans réflexion et sans jugement. D’autant plus lorsqu’on suit les recommandations de l’OMS et que c’est la chose la plus naturelle qui soit. Mais revenons à nos moutons.

Qui peut allaiter longtemps ?

Tout le monde.

Bon, je vais étayer quand même. Mais oui, toutes les femmes, hormis celles ayant un problème de santé (ce qui est très, très rare mais qui malheureusement peut arriver), peuvent allaiter. Et non, le lait ne se tarit pas (sauf encore une fois, problème très rare comme stress intense, gros souci psychologique). Donc toutes les femmes peuvent allaiter jusqu’aux 2 ans de leur enfant, d’un point de vue physiologique du moins.

Viennent ensuite les considérations matérielles. Loïs n’a repris le travail qu’aux alentours des 13 mois de son fils, et moi je m’occupe toujours à temps plein du mien. On ne va pas se mentir, ça change tout pour allaiter son enfant.

Même si cela reste possible, allaiter quand on travaille relève du défi. Il faut pouvoir, entre autres :

  • tirer son lait au travail dans de bonnes conditions
  • se permettre de prendre des pauses tire-lait au travail (non rémunérées bien sûr)
  • tirer son lait (personnellement, je n’ai jamais réussi à tirer grand chose)
  • stocker son lait sur son lieu de travail

Bref, beaucoup de conditions à remplir pour y arriver.

Donc très clairement là-dessus, je trouve que le gouvernement ne fait pas son boulot. D’un côté on nous dit qu’il faut allaiter minimum 6 mois exclusivement, de l’autre on doit reprendre le travail avant les 3 mois du bébé. Mouais. Pas logique tout ça, et plutôt hypocrite.

Paradoxalement, plus l’enfant grandit, moins il tète en fréquence (normalement). A partir d’un certain âge, il est même possible d’instaurer des tétées fixes, 2 à 4 par jour, matin-midi-goûter-soir. Je pense que c’est quand même plus simple pour allaiter tout en travaillant, dans ce contexte. Mais tout le monde ne peut/veut pas le faire. Et quid de l’âge pour le mettre en place ? Car c’est pareil, il est normalement recommandé d’allaiter à la demande jusqu’aux 6 mois minimum, voire tout le temps pour la Leche League.

Bon, chacun sa méthode après. Crapouillou ne tète que le matin, le midi et le soir. Loïs, elle, ne fait téter son fils que le matin et le soir lorsqu’elle travaille (et parfois aussi la nuit, mais c’est un autre sujet !). Mais ils ont plus d’un an… Nous n’aurions pas fait ça avant.

En tous cas une chose est sûre, si nous, en nous occupant de nos enfants et ne travaillant pas, ne pouvions pas allaiter longtemps, qui le peut ?

Quels sont les bienfaits sur la santé de l’allaitement long ?

Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet, voici le lien vers notre article qui récapitule tous les bienfaits connus à ce jour de l’allaitement, sur la santé des bébés et des mamans. Ils sont évidemment multiples, pour l’enfant comme pour la mère.

Je vous redirige également sur le site de la Leche League, très documenté, avec notamment les articles suivants :

Quelques études sur l’allaitement long

Intérêts de l’allaitement long

Ce qu’on peut retenir, c’est que du point de vue de la santé, il n’y a que des bienfaits, que ce soit pour la mère ou pour l’enfant.

En dehors de la santé, quels sont les avantages d’un allaitement long ?

Concrètement, avec Loïs, nous avons fait le même cheminement. Nous avons fait le choix d’allaiter à la naissance car nous y croyions dur comme fer : c’est naturel, c’est la meilleure source d’alimentation pour l’enfant, nous ne voyions pas pourquoi faire autrement. Si possible, à minima 6 mois. Nous ne savions pas si nous y parviendrions, d’autant que les débuts ont été compliqués (nous en reparlerons dans d’autres articles), mais nous voulions essayer. Ce qu’on ne savait pas encore, c’est qu’à plus d’un an, nous les allaiterions toujours.

Il y a les bienfaits pour la santé, c’est sûr que c’est un argument majeur qui nous a poussées à continuer. Mais pas que. Pour être honnête, il y a effectivement d’autres raisons. Pour rappel, jusqu’à il y a peu, nous étions toutes les deux femmes au foyer, c’est donc un contexte particulier. Les femmes qui ont repris le travail voient sûrement les choses d’un autre œil. Voici donc les avantages d’allaiter sur le long terme, selon nous :

  • C’est tellement pratique ! Jusqu’aux 1 an des petits, nous allaitions à la demande. Donc clairement, faire des biberons à la demande, comment dire… Pas pratique. Allaiter quand ils en ont envie ? Très pratique !
    • A l’extérieur : pas besoin de s’encombrer avec le matériel biberon, on a tout sur nous. Et aussi, pas besoin de prévoir la pause biberon pour le préparer, on peut sortir un sein à peu près partout 🙂
    • Chez soi : là encore, pas besoin de prévoir le biberon, jamais. Je suis d’accord, ça relève presque plus d’un côté grosse flemme, mais franchement, c’est toujours ça en moins à penser. Et alors, que dire de la tétée du matin, pour laquelle on peut encore traîner au lit, plutôt que de devoir se lever pour préparer le biberon ? Moi, je plussoie.
  • Ça permet d’endormir le bébé (plus facilement, en tous cas) à peu près partout aussi, et dans la plupart des contextes. Quand on a des bébés comme les nôtres qui sont des enfers à endormir, ça aussi, ça fait plaisir. Que ce soit pour la nuit, ou pour les siestes.
  • On perd du poids rapidement, et surtout, on ne le reprend pas. Car oui, la perte de poids est accélérée par l’allaitement (normal, on a fait des réserves exprès pour ça), mais dès qu’on l’arrête, pouf, on en reprend une partie. C’est quand même dommage ! Là c’est pas mal, on fond sur le long terme. On a le temps d’adapter notre régime alimentaire tranquillement. Et on ne souffre pas de carences si l’on s’alimente de façon variée et équilibrée.
  • En cas de gros bobo du petit : bon, ça n’est probablement pas la meilleure des méthodes, et j’évite presque toujours de le faire, mais parfois, ça le soulage vraiment, en cas de forte douleur. Et en cas de gros chagrin ou grosse crise émotionnelle, c’est plus efficace qu’un câlin.
  • Pour les maladies, je rejoins les bienfaits santé, mais sous un aspect différent : les enfants allaités sont moins souvent malades, et par exemple, s’occuper de Crapouillou malade n’est pas une sinécure, donc c’est toujours ça de pris !
  • Côté câlin. Ça n’est clairement pas un argument majeur car on peut toujours faire des câlins à d’autres moments, mais j’avoue que j’apprécie ce petit moment câlin avec bébé. Même si plus ils grandissent, plus ce sont des câlins agités. Quoique la tétée du soir est toujours le gros câlin réconfort.
  • Ça ne coûte rien. Bon, relativisons, comme tous les parents, nous donnerions tout pour nos enfants si besoin et nous n’en sommes pas là, mais je ne vois pas l’intérêt de payer pour du lait en poudre, quand le lait maternel apporte tout ce qu’il faut. Attention, je parle encore ici de notre situation de mamans au foyer. Pour les femmes qui ont repris le travail et qui doivent prendre des pauses non rémunérées pour tirer leur lait, la question d’économies financières se pose.
  • Pour la planète : on ne va pas faire de calculs savants, mais quand on pense à toutes ces boîtes de lait maternisé qui partent à la poubelle, et à toute l’eau nécessaire pour la production de lait en poudre… Je me dis que c’est toujours ça de moins sur mon empreinte carbone (on se rassure comme on peut !).
  • Le retour de couche est retardé. Il y a donc l’avantage de ne pas avoir ses règles pendant longtemps (ce qui est, mine de rien, très stylé), mais cela réduit aussi le risque d’être anémiée.

Quels sont les inconvénients d’un allaitement long ?

Il n’y en a pas beaucoup, ou du moins pas beaucoup que je considère comme valables, mais il y en a. Encore une fois, toujours de notre point de vue de mères au foyer. C’est intéressant de savoir que tout n’est pas que positif :

  • Cela complique les choses quand on veut faire garder son bébé. Une fois que nos petits ont passé 1 an, les faire garder en journée ne pose pas problème. Loïs le fait et je pourrais faire de même avec Crapouillou, une tétée le matin et une le soir, ça marche. Avant, ça aurait été compliqué pour moi, qui n’arrive pas à tirer mon lait. Par contre, le faire garder plus longtemps, eh bien c’est là que ça coince. Alors ça vient peut-être de moi, mais je ne me vois pas laisser Crapouillou plus d’une journée, il lui manquerait forcément plus d’une tétée. Et je n’ose imaginer l’état de ma poitrine après… C’est pour moi LE inconvénient d’allaiter longtemps, on peut moins facilement prendre du temps pour soi, car il est forcément avec nous !
  • La libido est moindre, du fait du taux élevé de prolactine (hormone ennemie de la libido), et de l’inhibition d’œstrogène, de progestérone et de testostérone. Ça aussi c’est bon à savoir. Tout rentre dans l’ordre avec le retour de couches. C’est donc temporaire, heureusement, même pendant l’allaitement.
  • On ne peut pas boire d’alcool. Enfin pas trop quoi. Non pas que ça me manque particulièrement, mais j’aimerais parfois me laisser aller ! Une fois qu’ils font leurs nuits, ou ne tètent plus la nuit, on peut plus facilement se permettre un peu de boisson alcoolisée le soir.
  • On se sent souvent jugées, et on nous pose trop de questions indiscrètes. De la part des proches, des amis, d’inconnus. Je sais par exemple qu’à chaque visite dans la belle famille j’aurais droit à « Tu allaites encore ? », « Tu vas allaiter combien de temps encore ? ». Mais je n’en sais rien… Et puis, ça ne vous regarde pas en fait.

Il existe un tas d’autres prétendus inconvénients :

  • C’est fatigant. Bah non, pas plus que ça, on a sommeil incroyable avec l’allaitement justement, on s’endort trop vite, on se réveille peut-être pour tout et n’importe quoi mais on se rendort immédiatement. Mes nuits n’ont rien à voir avec mes nuits d’avant grossesse. Je dors comme un bébé (BLAGUE : les bébés ne dorment pas bien !). Et tout dépend des bébés aussi. En dehors des pics de croissance, je n’ai pas le sentiment qu’il pioche dans mes réserves (et pourtant, il pourrait !). Alors je parle bien d’un allaitement qui dure après 6 mois, je ne parle pas des 6 premiers mois, où là oui, c’est fatigant, mais pour d’autres raisons.
  • Le papa n’a pas sa place. Cet argument est -excusez-moi du terme- pourri. N’importe quel papa peut attendre l’âge de la diversification pour nourrir son petit. Et il y a plein d’autres choses à faire avec un bébé que de le nourrir les 6 premiers mois. Et après les 6 premiers moi, il peut lui donner toutes les purées de la terre. Il y a en plus la possibilité de faire un câlin à 3 lors des tétées. Ici, Monsieur a très rarement fait de câlins à 3, et ne nourrit Crapouillou que rarement, ça n’a pas l’air de lui manquer plus que ça ! Ils font plein d’autres choses ensemble et ça leur va comme ça.
  • Le développement psychologique. J’ai lu ça dans un torchon sur internet, ça m’a scotchée. Il semblerait que cela « pourrait nuire au développement psychologique de l’enfant et à son autonomie. Prolonger cette pratique le rendrait dépendant de sa maman et l’empêcherait de grandir. » Ça me fait mal aux yeux, et j’ai mal de l’écrire. Mais voilà le niveau… Je vous invite à lire l’article de la Leche League au sujet de l’autonomie de l’enfant allaité justement, qui dit plutôt le contraire donc.

Bilan

Nous n’avons pas fait le choix d’allaiter longtemps nos deux enfants, mais plutôt, nous n’avons toujours pas fait le choix d’arrêter de les allaiter. Les avantages et inconvénients ci-dessus vous donnent un aperçu des raisons pour lesquelles nous allaitons toujours.

Un autre point, peut-être futile, mais aucune de nous deux ne se fait à l’idée de leur donner du lait en poudre. Artificiel. Industriel. Un substitut. Nous avons la chance de pouvoir nourrir nos enfants avec notre lait à nous et pas celui de la vache du pré d’à côté, nous en profitons.

Et vous, combien de temps avez-vous allaité vos enfants ?

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