Avis aux lecteurs, lectrices, cet article est un récit d’accouchement, décrit tel que vécu par la rédactrice. Âmes sensibles s’abstenir !

Bébé, initialement prévu pour le 11/12, a pointé le bout de son nez avec 2 semaines d’avance le 26/11 vers 11h30. Je le remercie de nous avoir laissé un dernier restaurant en amoureux avant sa venue, pour fêter nos 10 ans qui plus est. Par la suite, ils ont tout de même été moins fréquents !

Je précise que certains de mes souvenirs sont assez flous, tant tout est allé si vite beaucoup de choses se sont passées et compte tenu de mon degré de fatigue du moment. Et j’ai une certaine faculté à effacer les souvenirs pénibles de ma mémoire. Ce récit d’accouchement est donc évidemment de mon point de vue et selon mes souvenirs, 1 an plus tard. Ce ne serait probablement pas le même récit du point de vue de Monsieur.

Vendredi 22/11 au soir, l’insouciance

Je venais tout juste de démarrer mon congé maternité (à peine une semaine), quand, sur le retour du restaurant, je ressens quelques contractions. Bon, ça va aller, j’en ai souvent en ce moment, on touche au but mine de rien. On se dit d’ailleurs que ça n’est pas très sérieux que je prenne le volant enceinte jusqu’aux yeux. Mais Monsieur a pris le menu « accord mets et vins » et nous ne sommes pas trop loin. J’ai quand même plus de contractions que d’habitude, sans que ça m’inquiète trop. J’ai hâte de profiter de mon congé avant la venue du bébé, pour me reposer. Je viens seulement d’arrêter de travailler, j’en ai bien besoin (je reparlerai dans un autre article de ma gestion travail/grossesse).

Que nenni…

Samedi 23/11, faux départ

J’ai toujours des contractions, plus fréquentes et peu douloureuses, mais pas au point de partir. Par sécurité, je fignole les valises maternité. Dans la nuit, elles se rapprochent et sont de plus en plus douloureuses, jusqu’au moment où je dis à Monsieur qu’on ferait bien d’y aller, parce qu’il y en a qui souffrent !

A la maternité, pas grand monde (chouette !), on nous fait un peu patienter, test d’urine, monitoring pendant une bonne heure. Puis… on repart, à deux, car visiblement c’est trop tôt. Mais enfin j’ai toujours mal moi.

Impossible de dormir, réveillée toutes les 10 min par des contractions. Je temporise, je souffle, tout ça tout ça, pendant que Monsieur dort.

Dimanche 24/11, journée douloureuse

Même chose toute la journée, puis la nuit, des contractions toutes les 10 min ou moins, assez douloureuses mais gérables. Par contre, je suis épuisée, je ne peux pas dormir. Ou 1h ou 2 par ci par là.

Lundi 25/11, journée très douloureuse

9h

Arrive le matin, j’ai réussi à m’endormir malgré les contractions ! Et au bout d’une heure de sieste… je perds les eaux ! Formidable ! « Tu es bien sûre que c’est ça ? » Alors, non je ne suis pas sûre, mais ça ne sent pas l’urine et les draps et mon pantalon sont trempés, donc il y a un truc là ! Direction les urgences de Poissy.

11h30

Arrivée à la maternité, la salle est bondée (dommage !). On patiente, on patiente, test d’urine, on patiente, on patiente. Au bout d’un moment, on m’examine, monitoring, toucher vaginal (TV), tout ça, tout ça, sur fond de douleur de plus en plus insupportable.

« Alors, vous n’êtes dilatée qu’à 1, c’est pas pour tout de suite la salle d’accouchement. » Ah. On fait quoi alors ? « Vous pouvez vous mettre sur le ballon. Ah non ils sont tous pris. Alors vous pouvez vous promener. » Bon, allons-y, ça nous changera d’air. On sort faire quelques pas. Grand bien nous fasse, les contractions deviennent très douloureuses, je n’arrive plus à marcher, on repart en sens inverse. Oh un ballon ! Je me mets sur le ballon, Monsieur est en face de moi et me coache : « Allez respire, comme on a vu à l’haptonomie, focalise-toi sur le bébé. » Mais j’ai MAAAAL ! Je n’y arrive pas du tout ! J’ai essayé mais ça ne change rien, j’ai juste très MAAAAAL ! Ça devient difficilement gérable. Je crois que c’est à peu près par là que j’ai oublié tout sens des conventions et me suis mise à gémir/grogner/crier sans penser une seule seconde aux autres dans la salle d’attente. Oups.

Une sage-femme a pitié de moi et nous réinstalle dans une salle, pour monitoring, TV, tout ça, tout ça. Elle récupère le fameux gaz hilarant sensé me soulager. Franchement, c’est une blague ce truc. Je me suis vautrée dedans avec l’espoir fou d’avoir moins mal, en vain. Je ne suis même pas dilatée à 3, je la sens mal la suite, je commence à perdre pied. Mais cette même sage-femme (merci à elle) a vraiment eu pitié de moi et me dit que c’est bon : « Comme vous êtes presque à 3, on va dire 3 (petit regard de connivence, je la bénis intérieurement), j’ai prévenu l’anesthésiste, on vous emmène en salle d’accouchement ». Hourra ! Moi qui avais pour projet de faire sans péridurale, vu mon état, personne ne s’est posé la question, il n’était plus question de faire sans.

C’est le problème de rompre la poche des eaux trop tôt, les contractions sont insoutenables très rapidement… Enfin ce n’est pas le seul problème, d’où la suite.

21h

L’avantage des grosses maternité (il faut bien qu’il y en ait), c’est qu’il y a beaucoup d’anesthésistes, j’ai donc peu attendu sa venue. On fait sortir Monsieur, on m’explique rapidement, ça se passe très bien, pas de douleur, soulagement très rapide. Jambes un peu lourdes, rien de méchant. Monsieur revient, on se repose un peu (Monsieur un peu moins bien que moi, dans un fauteuil à côté de mon lit), avec pour bande sonore le monitoring de bébé. Tout va bien, il n’y a plus qu’à attendre sa descente. Ça fait du bien de dormir, je ne l’avais pas fait correctement depuis 3 jours.

Petite anecdote, on mourrait de chaud dans la salle, surtout Monsieur qui était à côté du berceau chauffant, en marche. On ne l’a signalé que vers la fin, on pensait que c’était peut-être normal. Réaction de l’aide-soignante : « Mais fallait nous le dire, vous avez dû avoir chaud ! » … Oui merci…

Petits TV réguliers pour surveiller la progression, lente évidemment, mais présente. De toutes façons, depuis que j’avais eu ma péridurale, tout allait bien pour moi !

Mardi 26/11, la délivrance

Au matin

Je recommence à sentir des contractions, et surtout, ça pousse en bas. J’ai peur d’avoir mal à nouveau, j’appuie frénétiquement sur le bouton d’injection de la péridurale. Ça se calme, mais je sens toujours bien que ça pousse et bébé s’agite, il fatigue, on va devoir y aller. Bon. C’est parti alors. En position gynécologique évidemment, tout ce que je ne souhaitais pas, mais pas le choix, j’ai eu la péridurale (je reparlerai dans un autre article de mon projet d’accouchement initial).

10h30

Et là, c’est le drame. Une douleur incroyable en bas. Je hurle (je crois que j’ai vraiment usé mes cordes vocales pendant cet accouchement). Je perds toute confiance. La péridurale fonctionne, mais pas au-delà de l’abdomen. Je ne savais pas que ça arrivait. J’entends parler d’hyperesthésie, le contraire d’anesthésie donc. Quelle chance ! L’heure la plus dure de ma vie a commencé.

On me demande de pousser, on met les doigts, on écarte, c’est un supplice. Je pleure, beaucoup je crois, je transpire, je pue, c’est une horreur, je suis exténuée. Mais on m’encourage. Monsieur beaucoup, l’équipe médicale aussi. Je donne tout ce qui me reste. J’entends de moins en moins ce qu’on me dit, je déconnecte, j’ai l’impression d’être folle à lier. Je ne me rends pas compte que de deux personnes, elles sont passées à quatre ou cinq dans la salle.

Je redescends sur terre, on me dit que ça ne va pas. A cause de la rupture de la poche des eaux précoce, bébé (gros bébé prévu à 4kg) s’est coincé dans le bassin, et les poussées ne suffisent pas. On passe aux instruments, j’ai nommé la ventouse. Supplice à nouveau pour la mise en place, j’ai l’impression qu’on m’écartèle. On me dit de continuer de pousser à chaque contraction, ce que je fais mais à bout de force, « pendant qu’ils aident le bébé en lui donnant le bon angle ». Tu parles, au bout d’un moment ils tirent super fort, tellement fort que la ventouse lâche. Il faut la remettre. Je regarde Monsieur avec détresse, j’ai peur, pour moi et pour le bébé. Personne n’en parle mais la césarienne plane autour de nous et je commence à la souhaiter tellement j’ai mal. Avec du recul, je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi je n’y suis pas passée.

11h30

Mais à force de persévérance, au bout de presque 1h, on me dit que la tête est là, que je peux la toucher. Ça y est, elle est passée, je comprends que c’est presque fini. Je pousse encore un peu, il est là, mon tout petit est sorti. On me le pose dessus, j’oublie tout, je suis heureuse, j’ai mon bébé sur moi, je ne sens même plus la douleur. Qu’il est beau… Tout collant mais beau !

On me le reprend, pour les mesures, pesées, nettoyage rapide, … Mais on ne me le rend pas. Je ne comprends pas. On me rassure, tout va bien, c’est un beau bébé (3.690kg à 2 semaines du terme) mais il a des difficultés à respirer, il faut l’emmener en réa. Rien de trop grave apparemment. J’encaisse, Monsieur l’accompagne, je ne veux pas que le bébé soit seul et je ne peux pas me lever. Pendant ce temps on me recoud, elles sont très gentilles. Puis elles repartent, je suis seule. Je pleure, moi qui voulais lui proposer une première tétée et profiter du moment à trois. Je me sens seule et je ne sais pas ce qui se passe là-bas.

Monsieur revient, me donne des nouvelles et me montre des photos, ça me fait plaisir. Mais où est-il ? Il y est toujours, ça va mieux mais ils veulent lui donner à manger pour voir s’il y arrive. Quoi ?! Mais non surtout pas ! Je refuse qu’on lui donne autre chose que mon lait ! Je suis impuissante, Monsieur y retourne pour leur proposer le colostrum que je tire dans la salle d’accouchement, en rage. « Non, on ne peut rien lui donner qui ne vient pas de chez nous, c’est le protocole. » J’ai envie qu’ils se le mettent dans le *** leur protocole.

Monsieur revient à nouveau, il refuse de manger, ils vont donc me l’amener pour me le mettre au sein. Quel soulagement. J’attends encore, seule. Ça me parait long, mais long…

14h30

Ça y est, mon bébé me revient, je le prends dans mes bras, je le mets au sein, je me sens tellement gauche, on m’aide, c’est bon, il tète. Je soupire de soulagement, je suis heureuse. Monsieur aussi. Tout est bien qui finit bien, celui que j’appellerai Crapouillou est avec nous.

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