Avis aux lecteurs, lectrices, cet article est un récit d’accouchement, décrit tel que vécu par la rédactrice. Âmes sensibles s’abstenir !

Mercredi 27 novembre 

Je suis plus apaisée que ce dernier mois, je n’en pouvais plus d’être enceinte ou alors je me suis juste résignée sachant que bébé est prévu pour le 28 novembre … On attend avec impatience mais l’Homme a demandé à bébé de rester au chaud et de faire du rab parce qu’il est blindé de boulot. L’Homme va rester avec nous un peu moins d’un mois et il a encore beaucoup à faire avant de pouvoir s’arrêter.

Je décide donc de rendre visite à une amie qui a accouché depuis peu, elle habite au 2ème sans ascenseur… J’arrive en mode baleine échouée chez elle ! Elle rigole elle est passé par là avant ! L’après-midi se passe bien mais je ressens des contractions non douloureuses. Le mari de mon amie rentre et est impressionné par l’envergure du bide …Oui oui moi aussi je suis impressionnée ! Quand je pars je commence à me dire que c’est pour ce soir ou demain. J’arrive chez moi et je décide de faire du ballon devant la télé, les contractions sont toujours là mais non douloureuses.

L’Homme arrive tard, il me voit, affalée sur mon ballon, et je lui dis que c’est pour ce soir. On passe la soirée tranquille devant la télé, on mange des pâtes, faut pas se laisser abattre ! On se dit qu’il faudrait qu’on dorme avant l’arrivée de bébé. Sauf que la nuit va être agitée !

Les contractions deviennent plus intenses mais largement gérables, je mets en place les respirations qu’on nous appris .

Jeudi 28 novembre

Dans la nuit

A 1h du matin je réveille l’Homme, je voudrais savoir où en est le travail car je commence à souffrir, et l’impatiente que je suis voudrait savoir si je ne souffre pas pour rien, si ce n’est pas un faux travail… Il est dans les brumes, il n’a presque rien dormi mais s’engouffre dans le froid et charge les affaires dans le coffre et on part.

Arrivée à la maternité on me fait un monito et toucher vaginal (TV) je ne suis ouverte qu’à 1 ! Grosse déception mais au fond de moi, je le savais. On part au bout d’une demi-heure, bébé va bien.

A partir du moment où nous sommes sur le parking pour repartir (à 2 mètres de la maternité), l’intensité des contractions change. Je me plie en deux, j’ai envie d’y retourner. Mais ça ne servirait à rien, on rentre à l’appartement.

Je veux prendre un bain, l’Homme fait couler de l’eau chaude et je me plonge dedans. Il me met le jet sur les reins comme nous l’a conseillé la sage-femme pour soulager et accélérer le travail (pour certaines vraisemblablement ça marche, pour d’autres crispées du bulbe vraisemblablement pas trop).

Les contractions sont maintenant rapprochées et douloureuses, je remets en place les respirations et dis à l’Homme de dormir un peu parce qu’au final je me sens de rester seule. Je gère en poussant contre les parois de la baignoire le temps de la douleur. Je réussis à gérer jusqu’à 4h30 puis j’appelle l’Homme.

Au petit matin

Finalement mon mental me fait défaut ! Il n’aura dormi que peu de temps, il est décalqué ! Je sors de l’eau et là vraiment j’ai mal je crie, j’essaie de souffler mais je me perds déjà dans la douleur. On repart à la maternité parce que je n’en peux plus, j’ai passé un cap dans la douleur et je ne gère plus. Les contractions dans le dos m’ont eue… L’Homme est présent même s’il ne sait pas trop quoi faire pour m’aider. Toutes les choses apprises en haptonomie ne sont pas mises en place, je veux qu’on m’aide, j’appréhende chaque contraction, je souffle comme un bœuf dès qu’une apparait, c’est déjà si dur !

J’ai pris la décision à la maison de prendre la péridurale. J’espère au plus profond de moi que le travail a avancé parce qu’avec des douleurs pareilles, j’appréhende énormément la suite !

La même sage-femme nous accueille, elle comprend que je ne suis plus dans le même état ! On m’installe pour refaire un monito, c’est une torture de se déshabiller et de rester allongée. Tout mon corps me dit de me mettre dans une autre position. J’agrippe le bras de l’Homme quand j’ai une contraction, je souffle, je crie je n’y arrive plus. L’Homme m’encourage, me guide, la sage-femme me félicite, me dis que je gère et que je souffle très bien. Sauf que non je subis c’est tout.

Encore un TV compliqué, car elle n’arrivait pas à aller au fond (vraiment très agréable comme moment !). Je ne suis ouverte qu’à 2.5 ! Gros désespoir pour moi… Je pleure… Avoir si mal et que ça n’avance pas ! Je demande la péridurale mais il est 5h, il faut appeler l’anesthésiste de garde. Le temps qu’il arrive, je devrais être à 3.

Je n’arrête pas de m’excuser auprès de la sage-femme, car j’ai une haleine juste horrible. Elle rigole et me rassure ! Mais même moi je m’insupporte !

On nous fait patienter 1h, ce qui me semble une éternité. J’ai mal, je ne gère plus rien, je crie de douleur. J’essaie de me focaliser sur la future péridurale.

Installation en salle de naissance

On nous installe enfin en salle de naissance, il est 6h et l’anesthésiste va arriver. Je commence à avoir peur, en bonne flippée des aiguilles, mais la douleur est telle que je passe outre. On m’installe en position pour me piquer. Je me répète que « ce n’est qu’un soin » comme me l’a dit l’hypnothérapeute. L’Homme se met en face de moi ainsi que la sage-femme. Je ne vois même pas l’anesthésiste entrer mais il me dit de ne pas bouger. On attend qu’une dernière contraction passe avant qu’il me pique. Je dis à l’Homme que j’ai peur, je pleure.

Il me pique, ce n’est pas agréable mais pas aussi douloureux que ce que j’imaginais. J’ai encore 2 grosses contractions avant d’être soulagée. On m’explique comment elle fonctionne : c’est moi qui pourrai doser. Je ne veux pas trop appuyer car à la base je voulais un accouchement sans péridurale, une blague non ? (Je reviendrais sur ce choix et pourquoi selon moi je n’y suis pas arrivée dans un autre article).

La sage-femme essaie de me piquer pour poser le cathéter et je lui indique où le faire car je suis difficile à piquer. Elle me dit qu’elle a trouvé une belle veine au niveau de mon poignet. Je la laisse faire mais je n’aurais pas dû, ça ne fonctionne pas. J’aurais d’ailleurs un magnifique bleu pendant plusieurs semaines. Elle essaye sur l’autre bras et encore une fois c’est un échec douloureux. Elle appelle une collègue pour l’aider mais je fais une chute de tension due à la péridurale, elles me mettent sur le côté avec de l’oxygène. Comme je suis dans les vapes, je leur dis que ça pue, je leur raconte n’importe quoi… Je me fais rire toute seule ! Elle arrive finalement à me piquer sur le premier bras, ça n’aura pas été douloureux puisque j’étais complètement à l’ouest. 

On peut se reposer désormais, je dis à l’Homme d’aller se reposer dans la voiture s’il veut être allongé, ou de prendre un café pendant que j’essaie de dormir un peu. Toutes les heures, j’aurai droit à un TV. L’équipe a passé la relève, j’ai une nouvelle sage-femme, pas super aimable au premier abord mais elle arrive à faire les TV plus facilement. Ma jambe droite est complétement anesthésiée, comme un poids mort. Pendant un TV, la poche des eaux se rompt, la sage-femme m’explique que le liquide est vert, bébé a fait ses premières selles dans mon ventre. Un deuxième TV : le liquide est vraiment foncé et le pédiatre devra aspirer ce que bébé aurait pu avaler.

Fin de matinée

A 11h30, je suis dilatée à 10, la sage-femme me dit que mon gynéco est en césarienne. Le temps que bébé descende et on poussera. Une aide-soignante en stage demande si elle peut assister à l’accouchement, pas de problème pour moi, elle ne sera pas déçue !!  Je me sens bizarre, ça y est la rencontre arrive, je n’ai plus mal finalement c’est parfait. J’étais beaucoup trop stressée et tendue, la péridurale aura eu pour effet de me détendre et le travail a suivi assez rapidement. 

A 12h, je ressens la descente du bébé, je m’inquiète car je le sens vraiment beaucoup et ça commence à être douloureux. L’Homme appelle à l’aide, on nous dit que c’est normal de sentir le bébé mais je ressens une vague de douleur hyper intense et je commence à paniquer. Je hurle de douleur. Mon gynéco arrive, j’ai envie de pousser alors je le fais mais la douleur est insupportable. Personne ne comprend ce qui se passe. Je pousse encore mais c’est trop intense je ne suis que peur et panique, ils me mettent un masque avec du gaz mais ça me rend folle. Je gigote dans tous sens je les pousse, j’ai l’impression d’être coupée en deux à partir de mon vagin. Je n’arrive pas à réfléchir pour pousser correctement comme je l’ai appris.

Le gynéco appuie pour ouvrir un peu plus le passage mais c’est beaucoup trop pour moi je hurle et je lui pousse les doigts. J’ai l’impression qu’on me cisaille le clitoris ! Il me dit : « c’est comme vous voulez, c’est votre bébé ! ». L’Homme est à côté de moi, il m’encourage, me dit que c’est bien mais je n’arrive même pas à le regarder. Je suis perdue, j’ai l’impression que je vais mourir de douleur. La sage-femme arrive à me parler et me dit quoi faire. Je la suis, je pousse encore et encore, je suis tellement fatiguée…

Le gynéco qui est super serein demande à l’Homme s’il veut toucher la tête. Il refuse

Petite anecdote, ce moment est beaucoup plus drôle qu’il n’y parait. L’Homme m’a expliqué que ce n’est pas du tout la tête que l’on peut toucher, mais un morceau de peau avec plein de tifs mouillés. Un bourrelet de peau, donc non merci, vraiment c’est gentil mais non.

Et il me propose à moi. Soit dit en passant je ne voulais pas que mon Homme assiste à l’écartèlement sanglant de mon entre-jambe mais il a finalement tout vu et c’était le dernier de mes soucis ! J’esquisse un non énervé, je prends sur moi et pousse pour que ça s’arrête. C’est si dur de tout donner sachant que c’est en poussant que j’avais le plus mal ! Autour de moi il y a tellement de gens et personne qui n’arrive à m’aider. Il y avait le gynéco hyper posey, la sage-femme qui s’est finalement révélée être ma précieuse aide, une puéricultrice, la stagiaire, le pédiatre, l’Homme, bref tout ce beau petit monde devant la partie la plus intime de mon anatomie. (J’expliquerai les répercussions pendant le séjour à la maternité dans un autre article).

L’équipe me motive et me dit qu’il ne faudra que quelques poussées supplémentaires pour qu’il soit là… Moi je m’en fous, je suis obsédée par cette douleur qui me déchire ! Je pousse encore et encore, je hurle aussi beaucoup !

La délivrance

Bébé sort à 12h26, c’est la délivrance. On le pose sur moi 2 secondes et c’est le pédiatre qui prend le relais pour aspirer. Moi je pleure toutes les larmes qu’il me reste, je pleure parce que la douleur est finie. Je ne pleure pas de joie parce que bébé est là mais parce que je n’ai plus mal ! La sage-femme se penche à côté de mon oreille et me félicite : ça y est je l’ai fait, j’y suis arrivée ! 

L’amour at firt sight n’est pas là car je ne le vois pas mais mon instinct prend le dessus. Je prends le bras de l’Homme qui regarde tout ce qui se passe, pour savoir si tout va bien. Après quelques minutes, bébé est posé sur moi et là on profite… 

Le reste n’est que détail à mes yeux : la délivrance du placenta se fait sans encombre, il faudra me reposer le cathéter sur l’autre bras mais tout va bien, l’Enfant est là… Petite frayeur quand je vois le gynéco avec tous ses instruments pour recoudre : je lui demande ce qu’il va faire et surtout s’il va anesthésier ? Je ne suis pas prête à avoir mal de nouveau. Il ré-anesthésie et m’explique qu’il n’y a que 3 points en interne. 

On nous laisse ensuite 2h pour nos premiers moments à trois. 

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